Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est ma vie tout simplement

11 juillet 2012

Voilà comment tout a commencé...

9581-ballon_de_naissance_filleJe suis née le jeudi 30 octobre 1969 à Paris. Hourra ! (sourire). Il était huit heures quinze du matin (et oui je suis matinale). Je pesais 2,9 kilos et mesurait 46 centimètres (tout ce qu'il y a de plus normal). J'étais la quatrième enfant. Avant moi, il y a eu mon frère de six ans mon aîné et mes deux soeurs de 5 et 4 ans. Oui mes parents n'ont pas chômé !!!  D'autant que moins de deux ans plus tard, mon frère cadet verra le jour. Nous étions donc considéré comme une famille nombreuse. J'ai eu une enfance plutôt chaotique de part les événements qui l'ont jalonné (il paraît que ça forge le caractère les épreuves). Tout d'abord, je me coince la jambe droite en jouant avec mon père à l'age de deux ans et demi (Aie). Peu de temps plus tard, mes parents apprennent que j'ai une pseudarthrose du tibia et que cela n'a rien à voir avec cet incident (heureusement que c'est arrivé d'ailleurs car si cela n'avait pas été le cas, la maladie n'aurait pas été prise à tant et aujourd'hui, j'aurai certainement une jambe artificielle. Ouf !). Ce serait congénital mais pas héréditaire, d'où le fait qu'aucun autre membre de la famille n'a cet handicap. Alleluia. Je vais subir environ une douzaine d'interventions chirurgicales entre 3 ans et 14 ans (rien que ça !). Le chirurgien qui m'opère sauve ma jambe de l'amputation à deux reprises (merci Professeur). Je porte régulièrement des plâtres, des béquilles, des appareils en plastique qu'il faut mettre à chaque fois que je pose le pied par-terre. Mais je n'en souffre pas car mes camarades de classe sont pour la plupart tous très gentils avec moi, ils m'aident à porter mon cartable et ne m'isolent pas pendant leurs jeux (bon il y en a bien un qui m'appelle le "canard boîteux" mais cela ne me traumatise pas plus que ça car j'ai tant d'amis à côté qui m'acceptent telle que je suis). Vers 6-7 ans, je suis hospitalisée pendant trois mois à Trousseau. Je dois supporter tous les jours et toutes les nuits des poids suspendus à mon pied (qui m'obligent à rester alitée) et pour consolider mon os, le chirurgien m'a installé une broche avec une vis à l'extérieur que je dois tourner chaque matin afin d'aider ma jambe à rattraper son retard. Pour cela, il doit également poser une plaque d'argent dans mon genou gauche, cette fois-ci pour stopper la croissance de celle-ci. Vous suivez toujours ? (sourire) Mais je me console avec Chantal Goya qui vient nous chanter directement à l'hôpital deux chansons de son répertoire dont "ce matin, un lapin a tué un chasseur". Vous ne connaissez pas ? Je ne vous croie pas, d'ailleurs peut-être même que vous êtes en train de la chantonner ou la siffloter (rire). Finalement, même si aujourd'hui ma jambe n'est pas aussi bien développée que la gauche surtout au niveau du mollet, que j'ai des cicatrices (oui oui les rails de chemin de fer, c'est ça) et que je boîte un peu, on peut dire que le chirurgien a tout mis en oeuvre pour que je puisse garder ma jambe. Un saint homme ce médecin. Merci mille fois. Je me demande régulièrement s'il est encore vivant et s'il se rend compte du nombre d'enfants dont il a sauvé un membre ? Moi y compris. Je lui serais reconnaissante toute ma vie. Je ne lui ai pas assez dit je crois.

 

Puis il y a eu l'handicap de ma soeur. Suite à une diarrhée verte (maladie très répandue dans ces années là), elle a fait des crises d'épilepsie. L'une d'elles fut plus importante que les autres et son cerveau a été endommagé. Elle vit dans un hôpital spécialisé à Hendaye (au Pays basque) depuis ses 12 ans. Elle circule en fauteuil roulant que l'on doit pousser car elle ne peut le faire elle-même. Les infirmiers (courageux, patients et surtout dévoués) s'occupent de son quotidien (toilette, repas, bien-être). A l'époque, le corps médical ne lui donnait pas 25 ans de vie. Vous voulez que je vous dise ? Et bien elle a fait un pied de nez à ces suppositions car elle a bientôt 48 ans !!!  Force est de constater que dans son monde, elle est heureuse. Quand je dis dans son monde, c'est qu'elle ne comprend strictement rien de ce que l'on peut lui dire et qu'elle ne peut nous répondre puisqu'elle ne parle pas mais elle entend très bien et elle nous voit aussi. Elle a développé d'autres sens comme l'odorat, c'est grâce à notre odeur naturelle qu'elle ressent que nous ne sommes pas du personnel hospitalier mais bien des personnes particulières pour elle même si elle n'a aucune notion de ce qu'est une mère, un frère ou une soeur. Elle m'a donné une sacrée leçon de vie car elle se bat pour rester en vie malgré sa maladie. J'ignore si j'aurai été aussi tolérante face à la différence des gens si je n'avais pas moi-même connu l'handicap à travers le sien et le mien. Je n'ai pas la réponse. Peu importe, elle est "différente" mais je l'aime telle qu'elle est et je suis fière de l'avoir pour soeur.

 

Quant à mon père, il a perdu son emploi de chauffeur routier suite à des problèmes de santé en 1973. Ce fut une catastrophe, que dis-je ? Un cataclisme ! Pour lui, un homme se devait de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Il se retrouva en invalidité du jour au lendemain et l'a mal vécu. Il s'est mis à boire de plus en plus. Il se détruisait avec l'alcool, qui plus est de mauvaise qualité vu les modestes moyens financiers de mes parents. Car il ne souhaitait pas que ma mère bosse à l'extérieur de la maison. Au cas où elle rencontrerait un autre homme et qu'elle le quitterait (c'était son obssession). La violence s'est vite installée chez lui et ma mère en faisait les frais presque chaque jour que Dieu fit. Je ne compte plus les bleus qu'elle avait sur le corps et qu'elle masquait avec des manches longues même en été. Les yeux au beurre noir qu'elle cachait avec des lunettes de soleil même en hiver. La crainte chaque jour et surtout chaque nuit qu'il finisse par la tuer. Au fil des années, il s'en prendra également à mon frère et ma soeur aînés. Ils sont devenus assez grands pour défendre notre mère et cela le rend encore plus agressif. Les cris (ceux de ma mère qui recevait les coups mais les nôtres aussi à cause de la peur), les insultes, les menaces ont fais partie de notre quotidien. Ce serait trop long à expliquer en détail sur ce blog mais nous avons vécu l'enfer. Il achète même une carabine pour menacer sa propre famille. Il dort avec un poignard sous son oreiller au cas où ma mère voudrait s'enfuir en pleine nuit. Et j'en oublie sûrement. La police en avait assez de se déplacer pour calmer mon père, pour demander à ma mère de porter plainte. Elle n'osait pas le faire car elle avait peur des représailles et ne savait pas où aller si elle le quittait. Comme je la comprends ! Ce n'est pas évident quand on connaît personne, qu'on ignore qu'il y a des associations qui gèrent la violence conjugale et que l'on a quatre enfants à charge. Finalement, lors d'une énième dispute, ma mère finit par se séparer de mon père dans l'année de mes 14 ans. Il est allé trop loin cette fois ci pour qu'elle puisse rester avec lui. Il tente de l'écraser avec sa camionnette mais elle a le temps de se jeter sur le bas-côté et s'en sort avec quelques égratignures seulement. C'est décidé, elle part avec nous. Si elle ne le fait pas, un malheur va arriver. Nous rentrons sur Paris et on s'installe dans la chambre de bonne de mon frère dans le 9ème arrondissement. C'est petit, sans ascenseur et sans confort mais nous sommes enfin loin de la violence de mon père. Nous y restons trois mois, le temps que ma mère trouve un travail et un appartement au Secours catholique. Ces logements sont réservés aux femmes battues qui ont fui le domicile conjugal. On revit même si nous avons toujours peur que mon père nous retrouve. Au bout de deux ans, nous déménageons dans un autre appartement pour laisser la place à d'autres femmes dans une situation d'urgence. Ma soeur aînée prend son indépendance et part en Suisse dans la famille de coeur qui nous a accueilli pendant les vacances d'été lorsque nous étions plus jeunes. Elle travaille comme femme de chambre dans un hôtel d'une célèbre station de ski et rencontre l'amour.

 

Hélas, en septembre 1984, elle est victime d'un accident de train. Une collision qui lui ôtera la vie. Elle n'avait que 19 ans !  La SNCF est responsable de son décès. Elle financera le rapatriement de ma soeur, son enterrement en région parisienne et sa tombe en marbre rose. Mais cela ne nous la rendra pas. Ce fut douloureux pour nous tous.

Voilà les principaux événements de mon enfance et de mon adolescence. La vie s'est acharné sur notre famille mais ce qui ne nous tue pas, nous rend plus forts. Les épreuves font partie de l'existence.

 

 

Publicité
Publicité
C'est ma vie tout simplement
Publicité
Archives
Publicité